Nina KARASEK
(République Tchèque 1883 - 1952)
Der Tarot (Illustrations pour un jeu de tarot divinatoire)
circa 1920
encre noire sur papier
45 x 28 cm ; 65 x 47 cm
titré et signé au verso
dans un cadre Jugendstil en bois et laiton
Prix sur demande
Bibliographie : Elmar R. Gruber, Nina Karasek, catalogue raisonné, 2024.
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Née dans la ville bohème de Kuttenberg, Nina Karasek étudie à la Frauen Akademie (Académie féminine) de Vienne aux côtés de Tina Blau, entre autres.
Après avoir embrassé une carrière de peintre paysagiste, elle découvre sa vocation d'artiste médiumnique. Ce courant, emprunté par les artistes se considérant comme les intermédiaires à travers lesquelles s’expriment les forces de l’au-delà dans la création de leurs œuvres, s’inscrit dans le prolongement du symbolisme. La vocation de la plupart d'entre eux est d'ailleurs née de la rencontre et de la pratique du spiritisme, alors très en vogue à la fin du XIXe siècle. Montrant la possibilité d’une création où l’inconscient gouverne, leurs représentantes majeurs, tels que Hilma af Klint ou encore Hélène Smith, ont ouvert la voie de l’abstraction, mais aussi de l’écriture automatique, que les surréalistes ont ensuite tant cherché à reproduire.
Prenant parfois le pseudonyme de Joële, son alter-ego, notre artiste est pour sa part guidée par les grands maîtres, tels que Rembrandt ou De Vinci. Possédée par l’esprit des maîtres anciens, ils lui dictent ses mouvements dans un rituel s’apparentant à une transe artistique. Alors que sa pratique évolue, elle accompagne ses œuvres de commentaires indéchiffrables et mystérieux, pratique fortement influencée par celle d’Hélène Smith qui elle, écrivait le ‘martien’ lors de ses séances de communion avec les esprits. Le jeu de tarot qui vous est présenté s’inscrit dans la pratique occultiste du tarot divinatoire, devenu très en vogue à la fin du XIXe siècle.
Le jeu habituellement utilisé étant le tarot de Marseille, nous remarquons qu’ici, l’artiste le modifie intégralement et y incorpore des symboles occultes : reines, mages, astronomes, diables et arlequins y sont représentés, incarnant l’esprit ésotérique de leur auteure. Par ailleurs, il est fort probable que les travaux de Nina Karasek aient été connus des artistes surréalistes lorsqu’en 1941, ils entreprennent la création du nouveau Jeu de Marseille. Parmi ceux-ci : André Breton, Wifredo Lam ou encore Max Ernst, entre autres (voir photo ci-dessous).
Le travail de cette artiste médiumnique a été exposé pour la première fois en 2008 à la galerie Christian Berst Art Brut à Paris. Ses œuvres se trouvent actuellement dans les collections de grands amateurs d’art médiumnique dans le monde.
Notre dessin est inclus au catalogue raisonné de l’artiste, rédigé par Elmar R. Gruber, sous les numéros 261-264.
Le jeu de Marseille revisité par les artistes surréalistes (Max Ernst, André Breton, Jacqueline Lamba...) à la Villa Air Bel durant l'été 1941. © Wikipédia.
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