Henri PRIVAT-LIVEMONT
(Schaerbeek 1861 - 1936)
La brodeuse
1904
lithographie originale sur papier japon ; épreuve en vert
33 x 48,5 cm (feuille) ; 28 x 38 cm (planche) ; 43 x 53 cm (encadré)
signé et dédicacé 'À Monsieur Schoenfeld / Privat-Livemont' au crayon, en bas à droite ; signé et daté 'Privat Livemont 1904' en bas à gauche, dans la planche
en parfait état
Vendu
Provenance : collection privée en Belgique
Bibliographie
Benoît Schoonbroodt, Privat-Livemont, entre tradition et modernité au cœur de l’Art nouveau, Bruxelles, Racine, 2007.
Galerie le Tout Venant, Privat Livemont. Fleurs à l’affiche !, cat. n°19 (cat. exp. Schaerbeek, Maison Autrique, 09 mars 2023 - 14 janvier 2024).
En savoir plus
Aussi connu qu’Alphonse Mucha à l’époque, Henri Privat-Livemont est un artiste belge qui s’est illustré notamment en tant qu’affichiste au début du siècle dernier. Également peintre, décorateur, et enseignant, il a réussi à populariser et à inscrire l’Art nouveau dans l’inconscient collectif. C’est à Shchaerbeek, dans la commune de Bruxelles, qu’il crée ses premières affiches. Il y développe également son talent de sgraffiteur en décorant les façades et en devient l’un des meilleurs exécutants. Grâce à ces médiums, il fait évoluer son graphisme vers des sujets où la “femme fleur” est idéalisée : elle incarne alors les valeurs bourgeoises de la fin du XIXe siècle.
Venu un temps à Paris (1883-1889) où il étudie dans l’atelier de Lemaire, il participe à l’une des entreprises de décoration les plus importantes de l’époque : celle de l’Hôtel de ville. Puis, il se distingue dans la réalisation de plusieurs décors de pièces de théâtre, à l’Opéra Garnier en particulier.
De retour dans son “Montmartre bruxellois”, il n’a de cesse de développer son style à travers tous types d’expressions plastiques, mais c’est bel et bien l’affiche qui le sacralise comme icône de l’Art nouveau. Son modèle féminin se définit alors : souvent auréolée, entourée de fleurs ployant sous leur poids, la chevelure ondoyante, le regard profond et hypnotique et les ongles en amande, elle devient le porte-étendard de cette nouvelle esthétique que l’artiste popularise. Devenu l’artiste polyvalent-type de la fin de siècle, il est flatté par les plus grandes firmes et familles, pour qui il réalise les affiches publicitaires qui se voient partout en rue et au-delà des frontières. Chocolats, bains de mer, liqueurs, biscuits et vêtements raffinés sont alors magnifiés et élevés au rang de sujet même de la création artistique. L’Absinthe Robette (voir ci-dessous) par exemple, commandée par le marchand de liqueurs Zéphyr Robette, devient rapidement une icône et sera reproduite dans la publication française Les Maîtres de l’affiche.
Désireux de se renouveler, Privat-Livemont édite une série d’estampes décoratives à partir de 1901. Réalisée trois ans plus tard avec son pendant La fileuse, qui vous est également présenté, notre lithographie, qui est une première épreuve en vert, a très probablement été réalisée par l’artiste grâce à un transfert sur plaque de zinc, médium alors peu maîtrisé par les artistes. (Privat-Livemont, Fleurs à l’affiche, p.31.).
C’est à Harlem, aux Pays-Bas, qu’est organisée cette même année une rétrospective consacrée à l'artiste. Il y expose deux cent douze œuvres, incluant celles-ci. Très certainement inspiré par le pays accueillant cette manifestation, Privat-Livemont décide de représenter ses modèles dans un paysage hollandais. La brodeuse, qui termine son ouvrage d’un air rêveur, est coiffée d’un bonnet de dentelle et vêtue d’une romantique robe à manches ballon. Elle est entourée de feuilles de marronnier et d'ombellifères rendues avec la précision d’un botaniste.
L’œuvre est dédicacée à Monsieur (Georges) Schoenfeld, avocat auprès de la Cour d’Appel de Bruxelles et collectionneur d’art.
L’artiste fait actuellement l’objet d’une exposition à la maison Autrique (Privat-Livemont. Fleurs à l’affiche! ; 09 mars 2023 - 14 janvier 2024 ; Schaerbeek) à l’occasion de l’année de l’Art nouveau à Bruxelles.
L'Absinthe Robette, 1896, affiche
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