Henry DE GROUX

(Saint-Josse-ten-Noode 1866- 1930 Marseille)

Les plaisirs babyloniens

1927

huile sur toile

154 x 200 cm

signé et daté 'Henry De Groux/ 1927' en bas à gauche  

Prix sur demande

Provenance : collection particulière.

BibliographieJUMEAU-LAFOND, J.-D., Les peintres de l’âme, Le symbolisme idéaliste en France, cat. exp. Bruxelles, musée d'Ixelles, Pandora - Anvers,1999. 

RAPETTI, R. et WAT, P. (sous la dir. de), Henry de Groux, 1866-1930. Journal, Paris, 2007.

CARPIAUX, V. (dir.), Henry De Groux, Maître de la démesure, cat. exp. 25 mai - 22 septembre 2019, Namur Editions In Fine - Musée Félicien Rops, 2019.

Thomas Deprez Fine Arts, Mathieu Néouze & Trebosc – Van Lelyveld, Henry de Groux (1866-1930): Obsessions & Symphonies (cat. exp.) 23 septembre - 15 octobre 2021.

 

 

En savoir plus

Artiste tumultueux et tourmenté, dont le tempérament de feu n’a eu de cesse de le définir et de le condamner, Henry De Groux est l’un des grands représentants de l’art symboliste en Belgique. Pour lui, tout commence au salon de L’Essor à Bruxelles, puis il expose en 1887 avec le Groupe des XX aux côtés de Fernand Khnopff, Constantin Meunier, James Ensor ou encore Auguste Rodin. Son succès est immédiat. Malheureusement, son caractère colérique et violent l’en excluent rapidement.

Il s'installe à Paris en 1891 puis il y présente son Christ aux outrages l’année suivante. Cet immense tableau, aujourd’hui le plus emblématique, est envoyé dans la capitale avec le soutien du roi des belges, est exposé grâce à Osbert dans une grange du XVe arrondissement où artistes et gens du monde viennent l'admirer. 

Il expose à la fois au Salon du Champ-de-Mars, chez Le Barc de Boutteville, au Salon de La Plume ainsi qu'à La Libre Esthétique de Bruxelles, et suscite encore l'intérêt au Salon d'Automne en 1911. Mêlant sujets littéraires, bibliques, historiques et mythologiques, De Groux se passionne pour quelques grands thèmes, qu’il interprète en permanence, dans une sorte d'obsession très répétitive. Parmi ceux-ci, nous pouvons distinguer son cycle Napoléonien, son cycle Wagnérien, mais également ses œuvres dédiées à la thématique Dantesque.  Fervent admirateur de Rubens, mais également de Géricault et de Delacroix, il puise dans leur héritage une esthétique empreinte d’idéalisme et de grandeur.

Ses compositions picturales, souvent dramatiques et expressives, témoignent d’un goût pour les thèmes héroïques et les visions apocalyptiques, où les émotions intenses dominent. 

Par la fougue de sa touche, la vibration de ses couleurs et son sujet, le tableau qui vous est présenté s’inscrit dans le sillage de l’œuvre de Delacroix. La mort de Sardanapale est de toute évidence une référence sur laquelle notre artiste s’est appuyé, consciemment ou non, dans la réalisation de cette huile. La scène qui nous est présentée nous la rappelle, non par son sujet mais par la définition de ses personnages. Prenant place dans une barque dont la proue s’apparente à une tête de chimère, des femmes nues sont lascivement installées tandis que des musiciens jouent une mélodie que nous imaginons sensuelle. Leurs corps dévêtus sont offerts à la vue du  personnage principal, se tenant debout, au centre de la barque. Portant la coiffe des rois babyloniens ainsi qu’une cape, nous pouvons supposer qu’il s'agit de Nabuchodonosor II. Durant son règne, au VIe siècle, Babylone atteint son apogée. Elle étend sa domination dans toute la basse Mésopotamie et son prestige s’étend bien au-delà de ses frontières. Cité de tous les possibles, elle inspire le mythe de la tour de Babel et ses légendaires jardins suspendus.

 

Comme nous pouvons l’observer ici, De Groux a fait le choix de les représenter en arrière-plan. Disposés en escaliers, comme l’indique leur description, ils dominent la cité, tandis que les personnages, eux, se trouvent sur l’Euphrate, qui traverse la ville. L’architecture antique côtoie des statues représentant des sphinges assyriens, portant une barbe, tandis que des hommes dévêtus sont installés sur un tas de pétales, au premier plan. À leurs côtés, symbolisant l’amour, deux cygnes semblent s’enlacer dans une danse nuptiale. Les choix iconographiques de l'artiste ne sont, bien sûr, pas anodins. Ils soulignent l’exubérance, la richesse et le mode de vie sulfureux que devait être celui des babyloniens sous ce règne

Les couleurs, pour leur part, nous plongent dans une ambiance vive et chaude. Participant à la création d’un univers épicé et exotique, il s’agit d'une gamme chromatique vers laquelle notre artiste se tourne depuis un certain temps déjà. En effet, après l'Armistice, il s'installe en Provence. Après le traumatisme de la guerre, son œuvre s'anime de couleurs vives du soleil du Midi quasi oriental. Réalisée en 1927, notre toile, elle, souligne bien l’optimisme intérieur de son auteur. Ce constat est d’autant plus flagrant lorsque nous comparons notre tableau à sa Barque de Don Juan où De Groux héroïse une figure victimaire dans un monde infernal aux couleurs rougeoyantes et aux clairs obscurs volontairement accentués (voir photo ci-dessous).

Outre son caractère complexe et sa santé mentale fragile, comment expliquer que l’œuvre de cet artiste considéré en son temps comme un des peintres les plus novateurs de la génération symboliste, proche de Léon Bloy, et célébré par Verhaeren, ait été si longtemps oublié ? Fort heureusement, son travail est largement revalorisé depuis une dizaine d’années. Le point de départ de cette redécouverte est dûe en partie aux recherches de Rodolphe Rapetti et Pierre Wat, lesquelles ont abouti  à la publication du Journal de l’artiste en 2007. 

 

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Henri DE GROUX, La barque de Don Juan, pastel sur papier ©Artcurial.

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