Ferdinand HODLER

(Berne 1853 - 1918 Genève)

Étude préparatoire pour 'Regard dans l'infini'

1916

fusain, encre noire, gouache et huile sur papier

47 x 27 cm ; 70 x 50 cm

timbre sec succession Hodler en bas à droite (L. 5432)


Prix sur demande

Bibliographie
Sharon L. Hirsch, Ferdinand Hodler, London, Thames & Hudson 1982.

Ferdinand Hodler 1853-1918, (cat. exp. Paris, Musée du Petit Palais, 11 mai-24 juillet 1983 ; Berlin, 2 mars - 24 avril 1983 ; Zürich, 19 août-23 octobre 1983) Paris, Association française d’action artistique, 1983. 

Œuvres en rapport

Regard dans l'infini, 1913-14/1916, huile sur toile, 446 x 895 cm, Kunstmuseum Basel, Suisse.

Regard dans l'infini, 1916, huile sur toile, Kunstmuseum Winterthur, Suisse.

En savoir plus

Considérée comme étant l’une des œuvres les plus illustres de Ferdinand Hodler, Regard dans l'infini à été réalisé en deux versions, entre 1913 et 1916. Ces dernières sont respectivement conservées au Kunstmuseum de Bâle et à celui de Winterthur en Suisse.

Les nombreux dessins préparatoires pour Regard dans l'infini, dont un ensemble important est conservé au Musée d’Art et d’Histoire de Genève, illustrent de façon exemplaire la méthode de travail de Hodler. Lui, qui a défini la théorie du ‘parallélisme’, selon laquelle les répétitions de formes, de sujets et de couleurs créent une rythmique artistique logique, faisant écho à un recommencement perpétuel des événements, des sentiments et des cycles naturels, nous en expose ici l’image. Ce sens très personnel de l'harmonie ‘paralléliste’ fait référence aux écrits de Charles Blanc (Grammaire des arts du dessin, 1867) et à ceux de Gottfried Semper (Der Stil,1860-62). En plus de développer cette théorie dans l’image elle-même, Hodler l’a également traduite à travers les multiples variantes des mêmes sujets qu’il a retravaillés au fil des ans. Pour lui, une œuvre était toujours susceptible d'être modifiée, réinterprétée, sans que la nouvelle version ne remette en question la validité de la précédente.

Hodler étudie un grand nombre de poses, de mouvements, d'expressions pour les figures de femme qui habitent Regard dans l'infini. Il en retient finalement cinq, qu'il agence en une danse élégante dont la frise humaine tend vers la gauche de la composition.

Les cinq silhouettes semblent ainsi être des variantes de la même figure. Pourtant, l'individualité de chacune est affirmée à travers les caractéristiques des coiffures et les traits des visages. 

Regard dans l'infini peut être rapproché d'un ensemble d'œuvres parmi lesquelles L'Eurythmie, Le Jour, L'émotion, L'heure sacrée, qui réunissent, sur un fond neutre et lumineux, des figures semblables mais non identiques qui concourent à créer un équilibre donné par la réitération d'éléments visuels spécifiques. Le rythme chorégraphique régit alors la gestuelle de ces personnages féminins qui paraissent s'adonner à une sorte de rituel dansé. Hodler révèle ainsi son intérêt pour les réformes de l'art de la danse, incarnées notamment par Isadora Duncan et son ami genevois Emile Jaques-Dalcroze, inventeur de la rythmique.

Encore proches du symbolisme et pourtant déjà éloignées d'une figuration trop narrative, ces figures de danseuses annoncent déjà les principes formels de l'abstraction.

Notre dessin est préparatoire pour la deuxième silhouette de danseuse en partant de la gauche.

Rapidement brossée à l'encre de Chine, rehaussée et définie grâce à la couleur ocre qui souligne les ombres et les lumières ainsi que l'expression du visage, notre figure de femme est cernée de gouache blanche de telle façon qu'elle semble avoir été sculptée dans un espace tridimensionnel. Proche par sa spontanéité gestuelle de la version du musée de Winterthur, où les replis des robes bleues sont encore parfois soulignées de traits rouges et les figures ainsi appuyées dans leurs mouvements, notre étude préparatoire contient en germe toute la force expressive et la monumentalité de l'œuvre à l'huile. Comme dans cette dernière, la danseuse s'émancipe du fond neutre et anime la surface du papier à travers le rythme des traits qui lui donnent forme.

 

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Ferdinand HODLER, Regard dans l'infini, ©Kunstmuseum Winterthur, Switzerland.

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